L’escalade de la violence entre les FARDC et le M23/AFC, et leurs alliés respectifs, dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, a atteint la ville de Walikale le 19 mars, piégeant le personnel de Médecins Sans Frontières (MSF) à leur base et à l’hôpital.
Ces derniers jours, la situation a continué de se détériorer. La violence a gravement affecté l’accès aux soins de santé, car 80 % de la population a fui la ville, en entendant les tirs d’artillerie et craignant les hostilités. Plus de 700 personnes déplacées se sont réfugiées à l’hôpital général de Walikale, ce qui accroît la pression sur des ressources médicales déjà limitées.
« Nos équipes doivent suspendre leurs activités médicales lorsque des combats éclatent et ne peuvent pas se déplacer en toute sécurité. La sécurité de notre personnel et de nos patients est notre priorité absolue », déclare Natalia Torrent, responsable des programmes de MSF au Nord-Kivu.
Des tirs intenses ont été entendus à proximité de notre base, soulignant les risques extrêmes auxquels sont confrontés les travailleurs de la santé et les communautés qu’ils servent. Il y a deux semaines, un tir croisé a touché la base logistique de l’organisation, affectant le structures et certains véhicules. Des explosions massives ont eu lieu près de l’hôpital général de la ville, où MSF aide le ministère de la Santé à fournir des soins médicaux.
Pénuries critiques de médicaments essentiels
Aujourd’hui, les défis logistiques restent critiques, sans routes ou voies aériennes viables pour faciliter le transport des fournitures et du personnel. La dernière livraison aérienne est arrivée le 17 janvier. L’aéroport n’étant toujours pas opérationnel, l’acheminement de l’aide humanitaire est un défi.
« D’ici deux semaines, nos équipes sur le terrain commenceront à faire face à des pénuries de médicaments essentiels, ce qui compliquera encore leur capacité à fournir une assistance médicale urgente », s’inquiète Natalia Torrent, responsable des programmes de MSF au Nord-Kivu.
MSF appelle une fois de plus toutes les parties belligérantes à respecter et à protéger les civils, les structures médicales et le personnel de santé, ainsi que de faciliter l’acheminement de l’approvisionnement médical dans la région. Nous demandons d’urgence un accès sûr et garanti aux soins de santé pour toutes les personnes touchées par le conflit.
Depuis 15 ans, MSF soutient l’hôpital de Walikale, en collaboration avec le ministère de la santé, notamment dans la prise en charge des services de maternité, pédiatrie et néonatologie. MSF fournit également des soins de santé mentale aux victimes de violences sexuelles et sexistes (SGBV) dans sa clinique de Tumaini et soutient une dizaine de centres de santé de la zone pour les soins généraux.
Aristide BARAKA YISUNGA