Le mardi 29 octobre 1996 ! 24 ans après, je continue à ressentir ce mal de ventre…je me rappelle encore de toutes les agitations ayant caractérisées la ville de BUKAVU pendant toute une semaine avant cette date dramatique : les multiples barrières, les jeunes gens enrôlés au côté de l’armée pour défendre la patrie, etc. Nous les avons appelés des volontaires. Je vois encore dans mon esprit leur base, située au niveau de la Poste, sur ce petit terrain que mes amis et moi utilisions comme aire de jeu pour nos compétitions de football.
Tout a basculé en clin d’œil !
Pourtant, c’était un jour ensoleillé, l’idéal pour tout enfant de mon âge pour se livrer aux jeux.
Hélas ! On venait de perdre quelque chose de très précieux : la paix.
C’est comme ça que mes amis survivants et moi avions désormais intégré la guerre dans notre quotidien, plus rien ne nous effrayait. Nous nous sommes accommodés au bruit des armes malgré notre tendre enfance… Rien que par le son, il fallait reconnaitre l’arme de guerre utilisée par l’ennemi : AK47, M16, Uzi, RPG, Fal, grenade « type chinois », mortier « 4 pouce 2 », etc.
Notre berger qui nous rassurait à travers les ondes de la radio venait de tomber…Ayant été identifié, Mgr MUZIHIRWA a été abattu comme un animal sauvage sur un terrain de chasse.
Aujourd’hui, 24 ans après, ce crime odieux est resté impuni comme les 617 autres cas évoqués dans le rapport mapping de l’ONU.
Ce mal de ventre que je ressens encore aujourd’hui n’est pas causé par la peur, mais tout simplement par la soif ardente de la justice.
En commémorant ces millions de vies éteintes jour après jour à l’Est de la République pendant exactement 24 ans, sous la barbe de la communauté internationale ; je ne peux me donner le luxe d’abdiquer.
Pour la paix véritable et durable en République Démocratique du Congo, je ne me donnerai aucun répit (Esaïe 62 :1)…C’est pourquoi je prie que le sang qui a injustement coulé dans mon pays durant ces 24 dernières années soit divinement vengé par Celui à qui appartiennent la vengeance et la rétribution (Hébreux 10 :30).
La foi sans les œuvres étant vaine, je profite de ce jour historique pour rappeler au peuple congolais qu’il est de notre responsabilité de nous lever afin d’écrire l’histoire glorieuse de notre pays en renonçant aux antivaleurs et en dénonçant le mal.
Enfin, il sied de rappeler que l’objectif caché de cette longue et désastreuse guerre a toujours été de nous diviser.
A ce titre, la RDC étant une et indivisible, une propriété des ethnies et tribus bien identifiés depuis 1885, MINEMBWE est et restera la terre de nos ancêtres…aucune communauté étrangère ne peut s’en approprier.
Pour la dignité de nos enfants tués, nos sœurs violées, nos frères décapités, nos parents déshumanisés et notre peuple meurtri, dressons nos fronts longtemps courbés et combattons pour l’intégrité du Congo dans la paix. Pour nous le combat n’est plus une option, mais un impératif national.
David MIHIGO MATABARO, SGA de la NGT
